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Penser fait la grandeur de l'homme
10 décembre 2014

Amira Yahyaoui récompensée

 

amira_prix_2014

Le vendredi 21 novembre 2014, le Jury de la fondation Chirac a récompensé Amira Yahyaoui, pour son action de prévention d’un embrasement en Tunisie après l’éclatement du « Printemps arabe » et lors des travaux de rédaction de la Constitution tusienne par l’Assemblée Nationale Constituante.

Amira yahiaoui

 

amira_yahiaoui


 

 D'après la fondation Chirac:

 Biographie

Originaire de Ksar Hadada – au Sud de la Tunisie, près de Tataouine – Amira Yahyaoui a passé la majeure partie de son enfance à Tunis. Elle est la fille du juge Mokthar Yahyaoui, qui fut révoqué en 2001 suite à la publication d’une lettre ouverte au Président Ben Ali sur le manque d’indépendance de la justice tunisienne.

Dès son adolescence, Amira Yahyaoui a pris conscience de la nécessité de s’impliquer dans le combat pour le respect des libertés fondamentales du peuple tunisien. Elle quitte la Tunisie en 2004 pour étudier à Paris les mathématiques et le droit. Elle espère également pouvoir relayer les combats menés par ses proches, notamment auprès des nombreux réfugiés politiques tunisiens vivant à Paris.

Ainsi, elle s’engage sur Internet et les réseaux sociaux, en prenant part à plusieurs campagnes de « cybermobilisation » :

  • soutien à Slim Amamaou et Yassine Ayari lors de leur manifestation du 22 mai 2010 pour la liberté d’Internet en Tunisie, qu’Amira Yahyaoui transforma à Paris en une mobilisation générale devant le Consulat général de Tunisie..
  • soutien à la blogueuse Fatma Arabicca lors de son arrestation en novembre 2009.

Dès les premiers heurts qui ont suivi l’immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010, Amira Yahyaoui s’efforce d’attirer l’attention des médias occidentaux sur la répression menée par le régime de Ben Ali. Le 14 janvier 2011, jour de la fuite de Ben Ali, elle est sur le plateau de télévision d’une grande chaîne d’information et commente en direct les événements. Elle rentre à Tunis dès le 17 janvier, alors que le pays est en pleine effervescence et que l’avenir politique du pays est encore incertain.

 

Son action

Bien que l’Assemblée Nationale Constituante tunisienne soit mise en place suite aux élections du 23 octobre 2011, Amira Yahyaoui reste consciente que la révolution n’est pas achevée et que les acquis peuvent être retirés à tout moment au peuple tunisien.

Amira Yahyaoui décide alors de placer le citoyen tunisien au cœur de l’action politique en lui donnant les moyens de s’informer sur l’activité des élus et de défendre ses droits fondamentaux : elle fonde en 2012 avec d’autres militants l’organisation Al-Bawsala (la boussole en arabe). Son activité s’articule autour de trois axes : une veille sur le travail législatif de l’Assemblée Nationale Constituante ; un plaidoyer politique pour la responsabilisation des élus politiques, la défense des droits fondamentaux et libertés individuelles ; une aide au développement des initiatives citoyennes.

Al-Bawsala a démocratisé les enjeux de la rédaction de la Constitution en organisant des rencontres entre élus et citoyens, dont Amira Yahyaoui réglait chaque détail. Ces rencontres – où s’exprimait sans fard le mécontentement populaire – ont eu un rôle cathartique et ont permis aux élus de prendre conscience de l’urgence et de la nécessité d’aboutir à un texte conforme aux aspirations démocratiques du peuple tunisien, exprimées lors de la révolution de jasmin.

En permettant de maintenir un lien de confiance avec les élus et les institutions, Amira Yahyaoui a contribué fortement à éviter que ces derniers soient rejetés par le peuple tunisien ce qui se serait traduit par un regain de violence et un risque d’éclatement de la société tunisienne.

 

Une méthode audacieuse

La présence d’Amira Yahyaoui et de membres de Al-Bawsala à chaque séance de l’ANC, équipés de caméras et d’appareils photos, a permis de rendre public :

  •                Les rapports et conclusions des commissions parlementaires ;
  •                L’absentéisme des députés ;
  •                La régularité des votes ;
  •                Le contenu de toutes les propositions de lois et d’amendements débattus.

 

Cette présence est une conquête. Au cours des premières séances, Amira Yahyaoui n’est pas bien accueillie dans l’hémicycle tunisien, et certains parlementaires voient d’un mauvais oeil son travail. Elle ne se laisse décourager ni par les tentatives de blocage ni par les menaces, et un nombre croissant de députés de tous bords la soutient.

Toutes les informations et documents recueillis sont ensuite mis en ligne sur Marsad.tn. Accessible à tous, cette plateforme met également à disposition des citoyens la biographie de chaque député, son appartenance politique, son taux de participation aux débats et aux votes, ses votes et parfois même ses fiches de paye ou déclarations de revenus. Ces publications se font sans discrimination quant à l’affiliation politique des députés.

Cette mission de divulgation et de compilation des travaux de rédaction est une avancée majeure dans la construction d’une société tunisienne démocratique et a pu être menée à bien grâce à la détermination et l’incorruptibilité d’Amira Yahyaoui et des autres membres d’Al-Bawsala.

Amira Yahyaoui est parvenue à replacer la responsabilité politique des élus au centre des travaux de l’ANC, d’une part pour qu’ils n’oublient pas les attentes du peuple tunisien, d’autre part pour éviter des abus ou irrégularités. Grâce à elle, les travaux de l’ANC ont respecté une exigence de transparence qui donne plus de légitimité et de force à la Constitution votée le 26 janvier 2014. Aujourd’hui, plus aucun député ne doute du droit d’Al-Bawsala de suivre les activités de l’ANC.

Pour ancrer les pratiques démocratiques au sein de la société tunisienne, Amira Yahyaoui et Al-Bawsala travaillent aujourd’hui à la mise en place de nouveaux observatoires consacrés à l’action des collectivités locales et à l’utilisation de l’argent public.

 

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Commentaires
C
Amira est "l'ange gardien" des tunisiennes et pour son âge et son art de communiquer en public lors de la remise du prix de la Fondation Jacques CHIRAC font l'honneur de son pays. Dommage que certaines d'autres filles Tunisiennes ont préférés le Jihad Ennikah. Bravo Amira et bon courage pour la suite du combat.
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